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L'Humour british (définition)

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Écrit par B.P.   
Mardi, 26 Avril 2011 08:16

L’HUMOUR ANGLAIS.

(Tentative de définition)


Il est admis par tous, ou presque, comme une certitude que l’humour anglais est très particulier, voire indéfinissable, au point, prétendent certains, qu’il ne ferait pas rire les Continentaux que nous sommes, incapables de le comprendre ou de l’apprécier.
S’il y a une petite part de vérité là-dedans, cela vient uniquement du fait de notre ignorance de certaines nuances du vocabulaire utilisé, du double-sens des mots avec lesquels nos amis britanniques aiment à jouer, ou de nos limites dans la compréhension des allusions culturelles auxquelles tout humour fait inévitablement appel, sans oublier les difficultés de compréhension des différents accents régionaux qui ne manquent pas d’être mis en avant dans les histoires drôles.
Mais hormis ces problèmes inhérents à toute culture étrangère à la nôtre, l’humour anglais est une valeur sûre et riche qu’il faut aborder sans appréhension aucune pour atteindre les sommets de la délectation.

Il y a chez nos voisins un goût certain pour les traits d’esprit cinglants que l’on nomme « WIT » (comprenez « esprit »), et pour les jeux de mots bien évidemment « intraduisibles » en français, les fameux « PUNS ».

Un fermier chargeant ses bestiaux dans sa bétaillère
fera rire ses acolytes en criant à son employé : 

- « PUT THE CATTLE ON ! »

Si ce bon mot n’évoque rien de particulier pour vous, c’est que vous n’avez pas senti que cette phrase, comme tout trai n qui se respecte, peut en cacher une autre. Elle renvoie immanquablement nos amis anglais à ce leitmotiv de la vie familiale britannique qu’est le célèbre :

- « PUT THE KETTLE ON ! »,
rituel préparatoire de la fameuse « cup of tea » maintes fois répété chaque jour à heures fixes.
Ca y est, vous riez ? Mais attention, ne vous esclaffez pas ! En Grande-Bretagne, on rit plutôt en dedans. L’Anglais est en général pince-sans-rire. Si vous voyez quelqu'un s'esclaffer bruyamment, c'est certainement un ... Ecossais !


Toutefois, l’humour anglais se différencie surtout de par ses « JOKES », ces bonnes blagues typiquement british qui sont une forme d’art avancé, basé sur l’absurde et l’inattendu. Cet humour de situation est très souvent visuel ("a GAG"), ce qui facilite son exportation à travers le monde. Affirmer que seuls les Britanniques peuvent le savourer n’a aucun sens, c’est une absurdité (Elle est bonne celle-là, vous ne vous y attendiez pas, j’en suis certain !).
Il est peut-être vrai que les Français préfèrent parfois un comique basé sur la raillerie et le côté bon-vivant (bonne bouffe, bonne cuite et bonne baise !), mais il n’en reste pas moins qu’ils savent apprécier ces blagues plus discrètes, plus calmes… plus absurdes que concoctent sans relâche nos amis anglais.
Pour preuve, le succès immense remporté chez nous par ce géant du comique britannique que fut Charlie Chaplin qui inventa tout au long de sa carrière les situations les plus folles, les gags les plus invraisemblables. (A propos, ne parlez pas de « Charlot » en Angleterre, ce nom n’existe tout simplement pas dans la version originale !).
Comme si cela ne suffisait pas, Charlie Chaplin a eu de nombreux fils spirituels Outre-Manche, et nous n’en citerons ici que quelques uns comme les Monthy Python (John Cleese en tête), Rowan Atkinson (le célèbre Mr Bean), ou encore le populaire, limite vulgaire, Benny Hill… dont la renommée à traversé la Manche grâce à la télévision.


L’inattendu et l’absurde (« nonsense ») se découvrent dans cette célèbre scène de Charlie Chaplin affamé, mangeant sa chaussure comme si c’était un met délicat et raffiné, et suçant les clous comme les arrêtes d’un poisson dont on ne voudrait pas perdre une miette.

L’absurde, c’est dans une rue de Londres ce géant qui veut assommer notre gringalet de Charlot d’une droite magistrale. Heureusement, celui-ci se baisse et notre Hercule plie en deux le lampadaire d’éclairage public pour se retrouver la tête prise dans la lanterne de gaz. Charlot profite de l’aubaine et « endort » son adversaire en ouvrant le gaz !
L’inattendu, c’est de toujours pousser la situation un cran plus loin, et d’imaginer ce à quoi le spectateur n’aurait jamais pensé. Vainqueur de ce combat inégal, Charlie Chaplin (David ayant terrassé Goliath) sort la tête du vaincu de la lanterne, lui prend le pouls et constatant qu’il n’est pas complètement « out », lui remet un petit coup d’anesthésiant !

L’absurde, c’est ce match de football, imaginé par les Monthy Python, et disputé entre les infirmiers d’un hôpital et les accidentés de leur service… des polytraumatisés plâtrés de la tête aux pieds. Les infirmiers tournent, balle au pied, autour des accidentés disposés harmonieusement sur le terrain et incapables de bouger. L’inattendu, c’est le score qui s’affiche à la suite du dernier but qui vient d’être inscrit : 831 à 0 !!!

L’absurde, c’est aussi (dans la série « Benny Hill ») ce scénariste de télévision qui propose ses projets aux producteurs de chaînes à la recherche de films à tourner, mais qui se voit TOUT refuser car il n’est pas « politically correct », et qu’il choquerait immanquablement telle ou telle minorité… Et ce sont Othello, Roméo et Juliette, MacBeth et même Hamlet qui ne verront ainsi jamais le jour ! Car ce sont tout simplement ces histoires que notre scénariste était en train de décrire. Humour grinçant donc qui nous dit qu’en cette fin de XXème siècle, Shakespeare n’aurait pas pu éclore.

L’absurde, c’est encore Mr Bean qui mange son pic-nic dans un jardin public et lave ses deux feuilles de salade à la fontaine avant de les essorer… dans une de ses chaussettes qu’il fait tournoyer au dessus de sa tête !

L'absurde, c'est quand Mr Bean décide de repeindre son salon sans déménager meubles et décorations. Mais le travail au pinceau étant trop fastidieux, il a l'idée géniale de placer un grand pot de peinture blanche au centre de la pièce et d'y introduire un énorme pétard... Les parties ne devant pas être peintes ayant été soigneusement couvertes de papier journal, il allume la mèche et sort en refermant la porte.
L'inattendu, c'est qu'au bout de 2 ou 3 minutes il ne s'est toujours rien passé, qu'il rentre donc dans son living-room pour voir ce qui ne va pas, et qu'à peine a t'il refermé la porte ... l'explosion a lieu ! Tout est uniformément et parfaitement repeint en blanc (lui y compris, sur le devant), sauf que sa silhouette noire se détache sur un mur qu'il a involontairement protégé de son corps...

Nous pourrions multiplier les exemples à loisir, mais nous nous contenterons de vous suggérer de bien observer les scènes comiques inventées par des Anglais la prochaine fois que vous en aurez l’occasion et de suivre ce cheminement infernal qui vous mène dans une situation absurde, puis vous fait arriver à un palier que l’on pourrait considérer comme étant le dénouement logique, avant de rebondir vers une autre fin tout à fait inattendue.
Pas étonnant qu’ils aient également inventé le suspense dans l’horreur et ces films dont la fin est marquée par une cascade de rebondissements. Ce serait une marque de fabrique de l'esprit British.


Un autre pilier fondamental de l'humour anglais, une de ses particularités les plus remarquables, c'est l'utilisation de "l'UNDERSTATEMENT" (ou de son contraire, "l'OVERSTATEMENT"). Il s'agit là d'une philosophie de vie qui définit le caractère profond de l'Anglais (et le démarque fortement de l'Ecossais plus expansif, ou de l'Irlandais plus "explosif" !). 
L'understatement consiste à se décaler par rapport à la réalité, à toujours minimiser les faits, à contenir ses émotions et ses réactions, à tout relativiser et surtout, surtout, à ne rien laisser paraître.
Le parfait gentleman, à l'annonce du décès d'un être cher qui lui déchire le coeur, n'ira pas plus loin qu'un : "Oh, Dear !", très contenu. C'est le fruit d'une longue et coûteuse éducation, et c'est à prix fort, payé dans les "Public Schools" et à coups de cannes de bambou, que ce fera toute la différence d'avec "les autres" ... vous, moi ou les "lower classes". Mais ne dites pas que les Anglais n'ont pas de sentiments, c'est ridicule ! Il suffit de les voir au "pub", lors d'un match de football ou aux courses de chevaux à Epsom, lorsque la soupape de sécurité se soulève, pour être convaincu du contraire.
L'humour anglais use et abuse de ces situations graves décalées vers le non-dit, mais cela ne serait pas tout à fait aussi drôle si à l'occasion on ne se permettait pas le contraire, c'est-à-dire un décalage dans l'autre sens, en exagérant fortement un tout petit fait banal. Cela s'appelle "l'overstatement" : "une tempête dans une tasse de thé" qui vous mènera à déranger un bataillon de la Royale Armée pour régler un conflit entre votre chat et le chien du voisin !


Nous pourrions ajouter que l’humour anglais est souvent basé sur l’autodérision et la répétition des mêmes situations à l'infini. L’humoriste anglais se moque des particularités propres à ses congénères. Il joue sur les conventions et les barrières sociales si fortes d’habitude et qui explosent pour la plus grande joie de tous. Il maltraite les institutions si respectées dans la vie de tous les jours, et par dessus tout, il se base sur une vue très insulaire du monde extérieur.

Pour preuve de plusieurs de ces aspects, ce dessin humoristique qui nous montre un couple respectable sagement installé dans son salon, Monsieur lisant  le journal (The Times, très certainement !) et Madame s’approchant de sa grande baie vitrée, l’air de rien, en se cachant un peu derrière son rideau, pour observer la maison d’en face (la même que la leur, indeed) avec ses habituelles bouteilles de lait posées par le « milkman » devant la porte d’entrée. Par la « bay-window » d’en face, on aperçoit deux corps gisant dans un désordre inhabituel… et notre lady de glisser à son mari : « On devrait peut-être prendre de leurs nouvelles, cela fait plusieurs jours qu’ils n’ont pas ramassé leur lait. »

Ouf ! les bonnes manières seront donc respectées : on ne regarde pas ce qui se passe chez les autres. Par contre, on peut prêter quelque attention à ce qui traîne dehors, mais sans se précipiter surtout, et sans la moindre réaction excessive ! Quand on vous disait que tout allait toujours jusqu’à l’absurde.


Il existe encore beaucoup d’autres formes d’humour mais nous allons surtout vous en donner quelques exemples, car, comme dit la publicité, c’est ceux qui en parlent le moins qui en mangent le plus ! « Limericks », « chiasmus » et autres « tongue-twisters » ne manquent pas de sel. Bon appétit donc !

Toutefois, avant que vous ne fassiez votre choix, reconnaissons quand même que l’humour anglais n’est pas toujours très brillant. Comme dans toute culture, il frappe parfois assez bas et sait être bête et méchant. Il s’appuie alors souvent sur des relents xénophobes issus de haines historiques séculaires dont l’Histoire porte les nombreuses cicatrices. Il s’agira alors de blagues (racistes ?) – l’équivalent de nos histoires belges ! - sur les Ecossais (pingres), les Gallois (ploucs zoophiles), les Irlandais (bêtes comme leurs pieds), et les Français (sales et prétentieux). Ces "jokes" traîneront dans les « pubs » aux côtés d’histoires machistes (comme partout ailleurs, avouons-le). Mais autodérision oblige, un des plus grands personnages humoristiques britanniques se moque justement de ce travers du buveur paresseux et macho pour le plus grand plaisir de la presse populaire : il s’agit du mythique « Andy Capp ». Finalement on accepte très bien que l’on se moque de nos travers en les exagérant, car cela prouve simplement qu’il y a pire que nous ! C'est rassurant, non ?


Mis à jour ( Jeudi, 28 Avril 2011 18:08 )
 

Commentaires  

 
0 #1 Thé 24-09-2015 23:49
Comme souvent, le site est impécable. bravo
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