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L'humour anglais expliqué aux Français - introduction

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Écrit par B. P.   
Vendredi, 21 Octobre 2016 20:34

 

L'humour anglais expliqué aux Français par Bruno M.A. Piguet, esq. © 2008


 

Une tentative de définition

Leur intelligence [...] se complait dans un bon sens vigoureux et dans l'absence de tout système.
De là un ton simple et naturel qui rend plus charmant encore le goût de ce peuple pour l'humour.

André MAUROIS "Les Silences du Colonel Bramble" (1921)

Introduction

On n’assimile pas plus vite une culture étrangère que la sienne propre, et ce n’est qu’au bout de longs séjours répétés que l’on parvient à franchir une étape décisive, celle qui vous fait basculer dans le monde de ceux qui dominent enfin les bases d’une autre langue et d’une autre culture : comprendre pour la première fois les traits d’humour autochtone !

Cet exercice plus difficile qu’il n’en a l’air fait entrer en jeu de nombreux éléments que nous tâcherons d’expliquer de notre mieux dans ces quelques pages, sans viser aucunement à en dresser une liste exhaustive. Car à aucun moment, nous ne nous poserons en spécialiste es-humour britannique (1) . D’ailleurs, l’humour d’outre-Manche peut-il véritablement être expliqué ? Les plus grandes sommités en la matière ne nous lanceraient-elles pas un défi en affirmant : « It has become a habit to say that British humour is undefinable. It is a legend that the British themselves have fostered » (2) . Ce qui tendrait à signifier qu’il est coutumier d’affirmer que l’humour britannique est indéfinissable et que c’est une légende que les Britanniques ont eux-mêmes encouragée.

1 - Ce qui explique le choix de notre sous-titre : une tentative de définition !
2 - Robert ESCARPIT & Jean DULCK - « Meet Britain »- Classiques Hachette (1957)

Ou encore : « English humour […] refuses to be caught and examined and just when you think you have cracked it, you realise that you have been duped once again. » (3) Qui laisserait plutôt comprendre que l’humour anglais refuse de se laisser saisir dans le but d’être étudié, et quand vous pensez l’avoir déchiffré, vous vous rendez compte que vous avez été dupé une fois de plus.

3 - Antony MIALL - « Xenophobe’s Guide to the English » - Ravette Books (1993)

Si je me lance aujourd’hui dans cette tâche, c’est que j’y suis un peu contraint par la réputation que m’a faite mon site Internet. J’avais bien évidemment abordé le sujet de l’humour anglais sur ce site consacré à la culture britannique (4) , constatant par ailleurs avec plaisir que Google (le célèbre moteur de recherche) plaçait constamment ma page en tête de liste, entérinant par là-même sa valeur et m’encourageant à poursuivre ce travail.

4 - http://pecas.free.fr

Et ne trouvant nulle part de description globale et satisfaisante de la chose, je me vois dans l’obligation d’éclairer de mes faibles lumières ceux qui sont dans l’obscurité totale et ne peuvent profiter de ce plaisir faute de clés – au pays des myopes, les presbytes sont princes.


Mes limites

Je prendrai toutefois la précaution de marquer les limites du travail que j’entends mener en le situant par rapport aux documents trouvés. Très savant, Robert ESCARPIT dans son petit livre sur l’humour (5) attribue la naissance de cette forme d’esprit – ou d’humeur – à la langue et à la société britannique. Il y explique l’origine linguistique du mot, ses évolutions, et en étudie brièvement le développement à travers quelques œuvres littéraires.

5 - Robert ESCARPIT – « L’Humour » - PUF. collection Que-sais-je ? - Paris (1960)

Or je n’ai ni le savoir ni le temps nécessaire pour poursuivre ou compléter ce genre d’étude.

D’autres, moins savants et plus ludiques, se contentent, si l’on peut dire, de publier des petits recueils de blagues ou de citations humoristiques (6) classées par thèmes et censées symboliser à elles seules l’esprit britannique ou anglo-saxon.

6 - Jean AUTRET – « L’humour anglo-saxon » - éd. Pocket. Collection Langues pour Tous. (1991)
Jean-Loup CHIFLET – « So Irresistible – Deux siècles d’humour anglo-saxon » éd. J’ai Lu. (2005)

Outre que ces compilations ont demandé un énorme travail de recherche et de sélection que je ne saurais égaler, elles ont l’inconvénient de ne présenter qu’un seul aspect de l’humour : le bon mot, ignorant tous les autres.

D’autre part, il circule désormais sur Internet plus d’histoires drôles qu’aucun livre ne pourra jamais en contenir. Je ne m’engagerai donc pas sur ce champ de bataille pour un combat perdu d’avance.


Mon objectif

Mon ambition serait plutôt, en quelques traits, de cerner l’essence particulière de cet humour dans ce qu’il a de différent du nôtre. Je me limiterai à tirer quelques généralités de mes observations sans chercher à atteindre une quelconque richesse encyclopédique.

A mi-chemin entre l’étude et la compilation, je souhaite faire apparaître à travers de nombreux exemples l’idiosyncrasie de l’humour britannique, quelques constantes telles que je les ai ressenties à force d’observations dans le dernier tiers du vingtième siècle, et plus précisément entre le 21 août 1966 à 18h17 (instant où pour la première fois – dans un « pub » et avant l'âge légal, je dois l’avouer - j’ai compris un jeu de mot en anglais) et le 16 mai 1999 à 23h39 (la dernière fois où j’ai regardé la télévision britannique).

Je veillerai cependant à ne pas me limiter au seul cercle de l’humour « littéraire », et je piocherai mes exemples dans tous les styles et tous les médias, afin de vous en donner une image la plus fidèle, la plus représentative, la plus complète et la plus vivante possible.

J’espère que les pièces de ce puzzle sélectionnées par mes soins, enchâssées dans mes textes et scellées par les citations de quelques anglophones et autres anglophiles de renom, donneront une image d’ensemble des plus claires.

Toutefois, je dois bien reconnaître mon peu de contact avec les tendances et les productions de ces deux dernières décennies. - « And you didn’t miss much » (7) m’a dit mon ami Andy depuis les bords de la Dee.

7 - Et tu n’as pas raté grand chose.

Autre difficulté, et non des moindres, je destine ces pages à des lecteurs francophones avides de mieux comprendre l’esprit et la culture de nos voisins britanniques, mais je me suis souvent trouvé confronté à un problème de transmission de cet humour qui bien souvent ne peut exister qu’en langue anglaise.

J’ai pour cela pris le parti de raconter certaines de ces histoires en version originale, ne trouvant pas de meilleure solution, et vous n’échapperez donc pas aux fameuses notes vous avertissant de la présence d’un jeu de mots intraduisible en français.

Au lecteur de parfaire son anglais s’il souhaite véritablement goûter à la saveur et au plaisir de cet humour. Tout l’enjeu est là en fin de compte. Il n’y a pas plus de bon vin sans alcool que d’humour britannique sans anglais. Alors tant pis pour les « teetotallers » (8) et ceux qui ne respectent pas les directives de L’Union européenne — à savoir parler deux ou trois langues de la communauté !

8 - Ces gens qui ne boivent jamais une goutte d’alcool.

Dans le même ordre d’idée, mais cette fois-ci à l’inverse, pour faciliter la lecture de ce livre, je vous proposerai une traduction (parfois faite par mes soins) des longues citations en anglais illustrant mon propos. Toutefois, afin de respecter au mieux l’écriture des auteurs, vous trouverez également leurs textes en version originale.

Vous remarquerez d’autre part que nous avons choisi d’inclure dans la sphère de l’humour anglais une partie du comique anglo-saxon (venant des Etats-Unis principalement) dans la mesure où, quand il n’exprime pas de régionalisme particulier ou de particularisme trop marqué, il joue parfois (souvent ?) sur les mêmes ressorts.


Mis à jour ( Vendredi, 21 Octobre 2016 21:23 )
 
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